Jean des villes
Dernier né
Jean des villes
Le métro. Les entrailles de la terre pour les hurmbains. Les lumières, électriques, vaporeuses. Le bruissement des lumières. Une double rangée de rails servent de filet, les murs de chaque côté du court se renvoient les sons jusqu'à leurs dissolutions les uns dans les autres ils se confondent avec le bruit de l'air. Les pas sur le goudron, le balai, les gouttes... Brouhaha en apparence sans conséquence. Les usagers enfermés dans une bulle de silence, d'intimité. Lui aussi, comme les autres. Ni grand, ni petit. Ni brun, ni blond. Ni trop pâle, ni trop bronzé. Ni Louis le Fainéant, ni Alexandre le Grand, Jean le normal pourrait-on dire.
L'horloge mesure le temps, obstinée. Apparition régulière – Dieu merci – de la rame, va et vient de 5h00 à 22h00, d'Est en Ouest, du Nord au Sud. Des serpents métalliques lancés sur les rails indifférents de la normalité matinale. Le souffle artificiel des portes mécaniques qui s'ouvrent, qui se ferment, sur les usagers. Des essaims de... vomis et ingurgités. Trois mètres cinquante deux théoriques avant qu'il ne soit happé à son tour. Jean s'avance, machinalement. Le pied sur le pas de la porte, l'alarme rugit la fermeture des portes. Mais l'homme saute sur le quai qu'il vient de quitter. Un morceau de chemise, retenu par l’engin, s'en va seul vers le poste de travail quotidien. Jean, encore tout étourdi par son instinct regarde son bonheur partir à vive allure. Il s’assoit sur un banc soigneusement découpé en trois parties égales par les ingénieurs de la sécurité, de la propreté. Il regarde passer la rame n°5 qui l'attend, un temps, régulièrement, et qui s'enfuie, frustrée, avec les minutes de retard négligemment jetées par l'homme préoccupé. Le temps légitime s'est écoulé, l'homme se met à penser. Il faudra voir un médecin pour se justifier et ne pas être licencié: corps HS, en maintenance.
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