Les lions ont envahi les rues et les écrans
Colonisant la vie, la vue et les enfants.
Se croyant majestueux, auréolés de gloire,
Ils naviguent, orgueilleux, à travers les miroirs.
Leurs crinières argentées,
Imitation platine,
Les dents bien affilées
Et un sourire de frime,
Ils s'élancent joyeusement
Aux cous de leurs parents
Pour les mordre sans gène,
Au chaud des halogènes.
Nous voilà ébahis par leur courage,
Par leur indépendance, liberté sans nuage,
Reconnaissant en eux un modèle de vertu,
Priant ces nouveaux dieux, d'une voix toute émue,
D'indiquer le chemin,
De nous prendre la main
Et de nous accepter
Dans leurs glorieuses cités.
Pourtant, de temps en temps,
Un aigle né.
Fier de son vol, de ses allants
Et de sa destinée.
Il choisit ses instants.
Point de fatalité
Aux discours lénifiants, clamant la Vérité,
Des penseurs – soit-disant – par les lions adoubés,
Nourris par leurs penchants, fausse Rationalité.
L'aigle, méprisant, regarde la cour des lions,
Observe leurs journées mais pas seulement:
Il scrute aussi la nuit floutée par les néons,
Les hyènes, les rats et tous les prétendants.
Il s’intéresse aux lionnes
Qu'il appelle "cochonnes"
A cause de leurs idées:
Soumises par avarice,
Jalouses, conservatrices –
Il approuve, au contraire, les sexualités libérées.
De retour dans son aire,
Il analyse, compare et prend des airs.
Puis fait remarquer ce détail:
Pour que la vie des lions ne déraille,
Ils ont besoin de nous et de notre ferraille.
Malgré leurs regards, et même s'ils nous raillent,
Leurs forces viennent de nous, nous autres pauvre bétail
Qui luttons entre nous –
Pauvres fous ! –
Qui justifions les loups –
Pauvres cons !
Qui jouons des coudes,
Quand il faut les serrer,
Qui frappons des poings,
Quand il faut les lever,
Pour plus d’Égalité et de Fraternité,
Éléments essentiels à notre Liberté.
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